Les oiseaux marins nous révèlent la distribution spatiale du mercure à travers l’Atlantique Nord
Le mercure est un élément métallique particulièrement toxique dont il est crucial de mieux connaître la distribution spatiale dans l’environnement. Dans une étude récente publiée dans Proceedings of the Natural Academy of Sciences, un réseau international de chercheurs, piloté par le laboratoire Littoral, Environnement et Société (CNRS/La Rochelle Université) et le Norwegian Polar Institute, en collaboration avec le laboratoire Écosystèmes, biodiversité, évolution (CNRS/Université de Rennes) a utilisé les oiseaux marins comme bioindicateurs pour cartographier la distribution du mercure à très large échelle dans l’Atlantique Nord.
Le mercure (Hg), bien qu’élément naturel, a vu ses concentrations largement augmentées dans l’environnement au cours des deux derniers siècles suite à l’accroissement des activités humaines et de la combustion des énergies fossiles. A fortes concentrations, il devient toxique pour les espèces vivantes, y compris l’Homme, avec des effets connus sur le comportement, la reproduction, ou encore la physiologie des organismes. Les concentrations de mercure dans l’environnement sont donc étroitement surveillées par les instances internationales afin d’en réguler ses émissions.
Ainsi, et afin de protéger les milieux naturels et les populations animales, il est crucial de mieux connaitre la distribution spatiale de ce polluant. Cette connaissance est néanmoins souvent difficile à acquérir chez les organismes du milieu marin, du fait des limites techniques ou du coût financier qu’elle implique. Dans cette étude, les oiseaux marins ont été utilisés comme bioindicateurs pour suivre et cartographier les concentrations de Hg dans le milieu marin. Grâce à une collaboration internationale1 entre les réseaux ARCTOX (suivi du Hg chez les oiseaux marins à l’échelle pan-Arctique) et SEATRACK (suivi de distribution spatiale des oiseaux marins en mer), un total de 837 oiseaux de sept espèces et 27 colonies différentes ont été suivis pendant quatre ans. La concentration en Hg a été mesurée dans les plumes de chaque individu et leur distribution spatiale déterminée grâce à des systèmes de géolocalisation.