Giulia Sacco, l’ingénierie au service de la santé
Concevoir des dispositifs pour des applications médicales, c’est la mission que s’est donnée Giulia Sacco, chargée de recherche CNRS à l'Institut d'électronique et des technologies du numérique (IETR, CNRS/Université de Rennes/Nantes Université/CentraleSupélec/INSA Rennes). Les radars qu’elle développe peuvent par exemple mesurer la fréquence cardiaque à distance ou aider les personnes malvoyantes à se repérer dans leur environnement.
A l'occasion de la journée internationale des femmes et filles de sciences, le 11 février 2024, et jusqu'à la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2024, découvrez la diversité des recherches menées par les physiciennes au CNRS à travers une série d'entretiens. Cette opération est labellisée Année de la physique 2023-2024. |
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours été passionnée par les matières scientifiques, et plus particulièrement par les mathématiques. Lorsque j’ai commencé mes études universitaires en Italie, je voulais étudier la médecine sans pour autant délaisser les mathématiques. Pour combiner ces deux envies, j’ai choisi une licence en ingénierie biomédicale à Rome. Cela m’a permis de poursuivre des études scientifiques, tout en réalisant des choses qui puissent être utiles aux personnes.
Mon doctorat s’est ensuite déroulé entre l’Italie et les Pays-Bas. Le projet était de développer des radars capables de mesurer la fréquence respiratoire et cardiaque à distance. Avec ce dispositif, il est possible de faire du monitoring, c’est-à-dire surveiller l’activité cardiorespiratoire d’un patient, sans qu’il ait besoin d’avoir des dispositifs en contact avec son corps. Puis j’ai poursuivi en post-doctorat à Rennes à l’IETR, où je suis en poste en tant que chargée de recherche CNRS depuis 2022.
Bien que les études soient plus longues, le fait de travailler dans la recherche m’offre une liberté que je n’aurais pas pu obtenir en choisissant l’industrie.
Sur quoi travaillez-vous ?
Depuis mon doctorat, je m’intéresse plus particulièrement aux radars, qui permettent de développer des dispositifs utilisables à distance pour des applications médicales. Je travaille actuellement sur le projet IN-SIGHT (https://cordis.europa.eu/project/id/101063966/it) financé par les Actions Marie Skłodowska-Curie. Il se base sur la technologie radar que j’ai pu étudier lors de mon doctorat, mais cette fois-ci pour une application différente : aider les personnes malvoyantes. L’objectif est de développer une interface électromagnétique/haptique, intégrée dans un gant. Son utilisateur pourra ainsi « toucher » à distance son environnement, et les objets qui l’entourent.
Avec l’utilisation d’un tel outil, le but est d’aider la personne à s’orienter et en même temps lui donner un retour sur les obstacles à proximité. Comme le dispositif est intégré dans les vêtements, les personnes ne sont plus obligées d’utiliser un objet encombrant. En ce qui concerne l’interface, l’intérêt est également de passer d’une technologie classique rigide à une technologie adaptée à des substrats flexibles.
Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans votre discipline ?
Si on regarde d’un point de vue strictement numérique, il y a sûrement plus d’hommes que de femmes en ingénierie. Ce n’est pas quelque chose que je vois de manière négative mais il est vrai que l’environnement est plutôt masculin dès l’université.
Dans le futur, avec la participation de la nouvelle génération, il serait idéal d’atteindre une parité. Cela peut être bénéfique pour travailler sur des projets qui s’intéressent à des applications médicales à la fois adaptées aux hommes et aux femmes.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la jeune génération ?
Il ne faut pas avoir peur et si quelque chose nous intéresse, il faut s’accrocher et persévérer.
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