Petite mouche, gros dégâts, la science face à Drosophila suzukii
Espèce invasive et nuisible, la drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii) peut dévaster jusqu’à 80 % de la production d’un champ de framboises ou de cerises. Depuis plusieurs années, une équipe de chercheurs est au cœur de nombreuses initiatives pour mieux comprendre le fonctionnement de cette mouche, et notamment son cycle hivernal. Ces travaux visent à fournir de meilleurs outils et informations aux agriculteurs.
Les drosophiles sont de petites mouches qui ne causent habituellement pas de souci aux agriculteurs, car elles ne pondent que dans des fruits déjà en décomposition. L’introduction accidentelle en 2008 en Europe et aux États-Unis de la Drosophila suzukii, originaire d’Asie du Sud-Est et reconnaissable par ses ailes tachetées, a cependant radicalement changé la donne. La mouche s’est depuis largement répandue et provoque d’énormes dégâts aux cultures fruitières.
« Chez de nombreux insectes, la ponte s’effectue grâce à un appendice : l’ovipositeur, explique Hervé Colinet, chargé de recherche CNRS au laboratoire Écosystèmes, biodiversité, évolution (ECOBIO)1 . Chez la Drosophila suzukii, l’ovipositeur est en forme de scie, ce qui lui permet de piquer à travers des fruits encore sur pied et d’y déposer ses œufs. Elle s’attaque à beaucoup d’espèces, mais préfère les petits fruits rouges comme les cerises et les framboises. D’une année sur l’autre, les pertes peuvent aller jusqu’à 80 % de la production. »
Cette menace force les agriculteurs à changer leurs pratiques. Ils doivent ainsi récolter les fruits tous les deux jours, au lieu d’une fois par semaine, afin de les réfrigérer au plus vite. Le froid tue en effet l’essentiel des œufs, avant l’apparition d’une larve qui commencerait à attaquer le fruit.
- 1Unité CNRS / Université de Rennes, au sein de l’Observatoire des sciences de l’univers de Rennes (OSUR), CNRS / Université Rennes / Université Rennes 2