Perrine Paul-Gilloteaux, informaticienne pour les sciences du vivant

Entretien Biologie Numérique

Mettre les mathématiques et l’informatique au service des sciences du vivant. C’est l’ambition de Perrine Paul-Gilloteaux, médaille de Cristal du CNRS 2017 et ingénieure de recherche du CNRS au sein de l’Unité d’appui à la recherche BioCore (CNRS/Inserm/Nantes Université/CHU de Nantes). Responsable de la plateforme Micropicell, faisant partie de l’infrastructure nationale France BioImaging et de la Structure fédérative de recherche Bonamy, elle développe de nouvelles approches mathématiques et informatiques pour combiner différents types de microscopie.

Regards croisés sur la place des femmes dans les sciences

A l'occasion de la journée internationale des femmes et filles de sciences, le 11 février 2023, et jusqu'à la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2023, découvrez la diversité des métiers d'ingénieures au CNRS à travers une série d'entretiens.


Quels sont vos activités et thèmes de recherche ?

Je travaille en imagerie biologique, qui est différente de l’imagerie médicale. C’est un domaine en pleine expansion technologique qui vise à mieux comprendre les mécanismes du vivant à différentes échelles.

Mes travaux font appel à différentes expertises au sein d’une équipe : biologiques, pour comprendre ce que je regarde, ou optiques et photoniques, pour bien utiliser les différentes techniques d’observations, mais je suis surtout spécialisée en mathématique et en informatique. Je développe notamment de nouvelles approches et logiciels pour combiner différentes techniques de microscopie : ce que l’on appelle la microscopie corrélative. J’ai par exemple développé une technique particulière de traitement d’image pour l’imagerie électronique et photonique.

Les mathématiques et l’informatique apportent beaucoup de choses aux sciences du vivant : en automatisant l’analyse des images, on se débarrasse de certains biais et on permet des analyses plus poussées. Et en tant qu’ingénieure de recherche, je travaille pour le collectif, en permettant de mutualiser mon expertise pour différents projets ou en adaptant mes méthodes selon les problèmes rencontrés par les chercheurs. Je travaille avec différents profils : des biologistes, des médecins, des physiciens, des chimistes. Certains sont chercheurs, d’autres étudiants, ou venant d’entreprises, dans le cadre de contrats de prestation.

Je ne travaille jamais seule, et c’est ce qui fait la beauté de mon métier : je collabore avec toutes les disciplines, il y a énormément d’échanges humains. J’apprends tous les jours de nouvelles choses !

Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans votre discipline ?

J’ai fait une école d’ingénieurs généraliste, spécialité génie électrique, avec des thématiques comme la vision par ordinateur, le traitement d’image. Durant ces années, nous étions cinq femmes sur 52 étudiants. C’est difficile pour une jeune personne de se projeter dans la diversité des domaines dans lesquels nous pouvons travailler en faisant des mathématiques ou de l’informatique. D’ailleurs, beaucoup de femmes arrivent aux maths et à l’informatique après avoir fait de la biologie !

Il y a de la flexibilité, c’est un milieu compréhensif, on s’organise comme on veut. C’est un métier chronophage mais c’est choisi : on apprend, selon nos contraintes, à accepter de consacrer un temps défini pour certains sujets.

Quel serait votre message à destination des jeunes générations ?

Il faut essayer de se projeter sur ce que l’on a vraiment envie de faire, en étant ambitieuse !

Dans notre domaine, il y a une vraie volonté de mettre en avant des femmes, nous sommes soutenues par l’institution, par les pairs. Une fois en poste, il faut donc combattre la difficulté à porter le titre d’experte. Il faut se forcer à se positionner comme telle. C’est un vrai combat à mener : nous ne sommes pas moins légitimes que les hommes !

@ Christian Chauvet, université de Nantes

Retrouvez nos autres entretiens de femmes scientifiques

En 2023, la Journée internationale des femmes et des filles dans la science se focalisera sur le rôle des femmes scientifiques au profit des Objectifs de développement durable (ODD).

Retrouvez à cette occasion nos 4 entretiens 2022 avec des femmes scientifiques travaillant dans le domaine de l'écologie :

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