Myélome multiple : mieux comprendre les résistances au traitement pour les contourner
Dans le myélome multiple, un cancer du sang, l’inactivation, même partielle, d’un gène appelé TP53 est associée à la résistance et à l’échappement aux traitements. Dans une étude publiée dans la revue Blood, des scientifiques, notamment du Centre de recherche en cancérologie et immunologie intégrée Nantes Angers (CRCI2NA, CNRS/Nantes Université/Université d'Angers/Inserm) ont inactivé le gène TP53 dans des cellules de myélome en culture afin de mieux comprendre les conséquences fonctionnelles de cette perte de fonction. Leurs résultats ouvrent la voie à de nouveaux traitements.
La perte du gène TP53 qui code pour la protéine p53 est un évènement majeur dans le développement et la progression des cancers. En effet, p53, également appelée « gardien du génome », est un facteur de transcription bien connu aujourd’hui pour son rôle crucial dans la suppression tumorale. Le myélome multiple est une tumeur qui affecte un type de cellules du système immunitaire, les plasmocytes, disséminés dans la moelle osseuse. Ce cancer, qui touche 5000 nouvelles personnes par an en France, reste encore difficile à guérir. La perte de p53 est associée à une forte résistance aux traitements, entravant toute rémission complète malgré les avancées thérapeutiques apportées par l’immunothérapie. Pour mieux comprendre son impact, les scientifiques ont reproduit cette perte de p53 dans des cellules de myélome.
L’inactivation de TP53 dans des cellules de myélome pour un meilleur diagnostic.
Grâce à la technologie CRISPR/Cas9, les scientifiques ont invalidé le gène TP53 dans deux lignées de cellules de myélome, découvrant ainsi les gènes dont l’expression est affectée par cette modification. Parmi eux, 13 ont été sélectionnés pour établir une signature spécifique de p53 et construire un score fonctionnel qui définit le niveau d’expression de ces 13 gènes mesurant ainsi l'activité de p53. Celui-ci s’est avéré particulièrement efficace pour différencier les cellules en fonction du statut de TP53 (présent, absent ou muté) dans les lignées de myélome, ainsi que dans plus de 1000 lignées cellulaires issues de tous types de cancers. Ce score est apparu être un outil efficace pour détecter une invalidation totale de TP53 dans chaque cellule de chaque tumeur et pouvoir ainsi anticiper les risques pour chaque patient de ne pas répondre aux traitements (Brevet INSERM/CNRS/Nantes Université).