MT180 – Finale nationale 2021 : les recettes de blocs de terre bretonne de Simon Guihéneuf
Le concours Ma thèse en 180 secondes (MT180) revient en 2021 et deux candidats bretons sont à l’honneur. Grâce à sa présentation sur des blocs porteurs en terres locales, Simon Guihéneuf participera à la finale nationale le 10 juin à Paris. Déjà sélectionné en 2020, une édition annulée pour cause de pandémie, il a obtenu entre-temps son doctorat à l’INSA Rennes.
- Sur quoi porte votre thèse ?
L’idée est de trouver, à l’échelle de la Bretagne, comment obtenir des blocs porteurs en terre suffisamment résistants pour former un immeuble de trois étages. Ces matériaux doivent permettre de se passer de chaux et de ciment, qui ont un fort impact environnemental. Je cherche donc la bonne recette pour chaque type de terre locale, pour utiliser ce que nous avons déjà sous les pieds sans devoir chercher ailleurs.
J’étudie ainsi deux choses. D’un côté, il y a d’abord les ingrédients qui permettent de stabiliser le bloc en augmentant sa résistance mécanique et en le protégeant du climat breton. J’utilise donc des biopolymères extraits d’huiles végétales, de tannins, d’algues… De l’autre, je regarde la meilleure méthode de fabrication selon le type de terre. Faut-il la compacter, la mouler, la couler ou l’extruder ?
Trouver la bonne combinaison permet de s’adapter au mieux à la variabilité des différents types de terre. C’est absolument nécessaire pour pouvoir utiliser celles qui sont disponibles localement. Je continue également d’optimiser les formules pour en tirer les meilleures performances possibles.
- Comment êtes-vous venu à la recherche ?
Je n’avais pas forcément cela en tête quand j’ai commencé mes études, je voulais surtout travailler dans le domaine de la construction écologique. Je m’y suis orienté dès mon école d’ingénieurs, l’INSA Rennes, mais je me suis rendu compte de la difficulté de trouver un emploi dans ce domaine encore trop peu développé. J’ai enchaîné sur un second master, à l’ENSTIB1
d’Épinal, sur les constructions en bois. Un professeur de Rennes, avec qui j’avais déjà fait un stage, m’a ensuite prévenu que ce sujet de thèse était en train de se monter, et je suis ravi d’y avoir candidaté.
La recherche me permet d’aller jusqu’au bout d’une question, d’y travailler sur un temps long. Ce serait beaucoup plus difficile dans le privé et, d’un point de vue éthique, la recherche publique me plaît beaucoup.
- Comment se passent vos journées, maintenant que vous n’êtes plus doctorant ?
Je suis à présent ATER2 à l’université de Bretagne-Sud de Lorient, à l’Institut de recherche Henri Dupuy de Lôme (IRDL, CNRS/ENSTA Bretagne/Université Bretagne Sud/Université de Bretagne Occidentale) . Comme c’est ma première année d’enseignement, la préparation des cours me prend beaucoup de temps. Mes activités actuelles de recherche sont surtout une réflexion et une mise en forme des résultats de ma thèse. Je lance quand même encore quelques campagnes expérimentales L’enseignement m’intéresse en tout cas beaucoup.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à MT180 ?
La vulgarisation scientifique me passionne, j’ai par exemple déjà travaillé à l’organisation de Pint of Science sur Rennes ainsi qu’à la Fête de la science. Certains évènements ont été annulés l’an dernier à cause du covid, mais je compte bien continuer de participer à ce genre de manifestations.
Je veux partager et rendre plus accessible le domaine sur lequel je travaille. La construction et le bâtiment comptent parmi les secteurs au plus fort impact environnemental, parler des alternatives en cours de développement pourrait aider à leur démocratisation. Je pense que s’adresser au grand public accélère davantage les choses que de se concentrer sur les seuls professionnels.
D’un point de vue personnel, je me suis aussi rendu compte que rendre mon sujet de thèse plus accessible m’a aidé à remettre de l’ordre dans mes idées au moment de la rédaction. Et puis je fais pas mal de théâtre, d’impro et de musique, je trouve toujours ça stimulant de s’exprimer devant un auditoire, d’y ajouter de l’humour et du spectacle.
- Quels sont vos liens avec la Bretagne ?
Je suis né à Rennes de parents bretons, je suis très attaché à cette belle région et à la proximité avec la mer ! Quand j’ai trouvé cette thèse, j’ai été ravi de pouvoir revenir en Bretagne car je veux vraiment travailler ici. Nos sols sont en plus excellents pour la construction et, prochainement, je devrais travailler avec des extraits d’algues rouges invasives que l’on trouve dans le sud de la région. En plus de mon attachement de cœur, mes recherches très appliquées trouvent un écho avec les matériaux disponibles en Bretagne.