Gwenn Tanguy : mutualiser pour mieux partager au bénéfice de la recherche marine
Responsable technique de la plateforme Genomer de la Station biologique de Roscoff (CNRS/Sorbonne Université), Gwenn Tanguy, ingénieure d’étude au CNRS, met son expertise au service des projets de séquençage.
Regards croisés sur la place des femmes dans les sciences A l'occasion de la journée internationale des femmes et filles de sciences, le 11 février 2023, et jusqu'à la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2023, découvrez la diversité des métiers d'ingénieures au CNRS à travers une série d'entretiens. |
Présentez-nous votre parcours :
Enfant, je venais souvent visiter l’aquarium de la Station Biologique lors des sorties scolaires. Ce lieu incontestable en biologie marine m’a toujours impressionné et attiré.
Pour rejoindre un laboratoire de ce type, j’ai choisi un parcours professionnalisant : un Baccalauréat Sciences et technologies de laboratoire, puis un BTS analyses biologiques-biotechnologie. Pour finaliser mon cursus, j’ai obtenu une licence professionnelle en biotechnologie appliqué au monde de l’entreprise. Suite à cette formation j’ai commencé ma carrière dans le privé, dans divers domaines professionnels de l’agroalimentaire, en santé publique, puis dans l’environnement. J’ai exercé mon métier dans plusieurs régions de France pour finalement rejoindre la Station biologique de Roscoff.
Mes compétences acquises, en stage notamment, à l’étranger, en biologie marine et dans le privé m’ont ouvert les portes du laboratoire. J’ai développé au cours des années une expérience dans le domaine de la biologie moléculaire et des normes de certification et d’accréditation en qualité qui ont marqué l’intérêt lors de mon recrutement.
J’ai commencé en 2008, avec un poste d’assistante ingénieure en CDD. J’ai été titularisée au CNRS en 2011 en tant technicienne biologiste. L’évolution de mes responsabilités m’ont permis d’être promue assistante ingénieure par la voie des concours internes. Je suis aujourd’hui ingénieure d’étude en tant que responsable technique de la plateforme Genomer.
Quelles sont vos activités ?
Dans le cadre de mes missions, j’accompagne les projets de séquençage et de génotypage de différents projets de recherche. Je travaille pour des projets internes de la station, mais aussi sur des projets externes académiques, en contrat de prestation de service.
Mon service est amené à travailler une multitude de projets scientifiques. Certains projets portent par exemple sur l’étude de la diversité des bactéries présentes sur les grandes algues.
Les échantillons d’ADN que nous traitons sont le plus souvent d’origine marine, la thématique forte du laboratoire, mais je suis amenée à travailler sur tous types d’échantillons par exemple de l’ADN pour l’étude de microbiote intestinal de poulet !
Le but de cette plateforme est de mutualiser, pour la communauté, des équipements couteux que ne pourraient pas acquérir chaque équipe. Une grosse partie de mon travail est donc de développer cette plateforme et de la maintenir au meilleur niveau technologique. Cela passe par énormément de veille scientifique mais aussi par des échanges avec des fournisseurs spécialisés. Mon travail consiste à identifier les besoins technologiques nécessaires aux besoins de la communauté scientifique. Nous avons notamment acquis dernièrement un séquenceur de troisième génération, qui n’est pas plus gros qu’une clé USB !
En tant que responsable technique, je supervise également la faisabilité financière et scientifique des projets qui passent sur la plateforme. Je conduis des projets de développements par l’encadrement d’un assistant ingénieur. Je m’occupe de tous les aspects « administratifs » de la plateforme, avec un budget et des ressources humaines à défendre.
Enfin la dernière partie de mon travail concerne la visibilité de Genomer. Je travaille au sein de plusieurs réseaux avec d’autres plateformes, et je présente nos activités en congrès.
Je vis mon métier comme une gestion « de petite entreprise ». J’assure des fonctions dans la réalisation de projet innovant, développement ou d’encadrement en garantissant une qualité de service. Je m’assure aussi de son équilibre en ressource nécessaire à son bon fonctionnement. Enfin, je développe des outils de communication nécessaire à sa valorisation.
Travailler sur une plateforme est stimulant. Je contribue au cœur de la science avec des technologies innovantes à l’approfondissement des connaissances en biologie marine.
Quel serait votre message à destination des jeunes générations ?
Même si vous décidez de faire des études « courtes », réfléchissez-bien à vos stages ! Ce sont eux qui vous permettront de développer, et surtout multiplier, vos compétences ! Ensuite, si on le peut, il ne faut pas hésiter à être mobile, à sortir de sa zone de confort. Il n’a rien de plus formateur que de changer de région, voire de pays !
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