Évolution de la salinité de l’Océan Austral dans la région de Kerguelen
Une équipe internationale de chercheuses et chercheurs impliquant des scientifiques du laboratoire d'océanographie physique et spatiale (LOPS, CNRS/Ifremer/IRD/Université de Bretagne occidentale) viennent de mettre à jour les causes d’importants changements de salinité observés depuis 30 ans dans l’Océan Austral dans le secteur autour des iles Kerguelen.
Alors qu’au nord du plateau continental de Kerguelen, la salinité des eaux de surface augmente, au sud de Kerguelen, elle tend à diminuer. La salinité des eaux de surface dans l’Océan Austral est fondamentale car elle contrôle d’une part la densité de l’eau (son poids) : des eaux moins salées ont tendance à stabiliser l’océan en réduisant le mélange des eaux entre elles, et d’autre part, elle ralentit la circulation océanique verticale.
Grâce à trente ans de précieux relevés d’isotopes stables de l'oxygène dans l’eau dans l’Océan Indien Sud, l’équipe a pu mettre à jour les causes de ce changement de salinité. Cette mesure de la composition des molécules d’eau permet de déterminer si elles ont été en contact avec l’atmosphère, la banquise, ou la calotte polaire. En s’intéressant aux changements de cette composition isotopique, il est ainsi possible de connaitre les causes des changements de salinité de l’océan de surface.
Les changements de salinité observés sont ainsi attribués à une augmentation des pluies dans la région sud de Kerguelen qui est d’ordinaire humide, et au contraire une augmentation de l’évaporation dans la région nord de Kerguelen qui est d’ordinaire plus sèche. Cette augmentation de contrastes due aux changements des flux atmosphériques est ce qu’on appelle l’amplification du cycle hydrologique. Dans la région de l’archipel des Kerguelen, les observations de salinité et d’isotopes stables de l’eau de la surface océanique permettent de mettre en lumière une augmentation de 6% du cycle hydrologique, presque deux fois plus importante que l’augmentation de 3% observée au niveau mondial selon le GIEC.