Des nanoparticules à la transition écologique des laboratoires

CNRS le journal Science et société Chimie

Directrice de recherche au CNRS, Fabienne Gauffre travaille à l’interface entre la matière molle et les matériaux. En plus de ces projets, elle s’implique pour l’environnement et les générations futures.

Une physico-chimiste de la matière molle, c’est comme cela que se décrit Fabienne Gauffre. Cette directrice de recherche CNRS à l’Institut des sciences chimiques de Rennes1 explore la corrélation entre la structure de molécules, capables de s’assembler physiquement plutôt que par des liaisons chimiques, et la structure, la texture et les propriétés du matériau ainsi formé. « Les applications grand public concernent la formulation pour l’agroalimentaire ou la médecine, explique Fabienne Gauffre. Il s’agit de donner la bonne texture à des matériaux mous, ou encore la solubilité ou la biodisponibilité à des médicaments sous forme particulaire. »

Avec des collègues de l’Institut Charles Sadron2 et du Centre de recherche Paul Pascal3,  elle a notamment étudié l’effet Ouzo4, qui doit son nom au fameux alcool grec. Celui-ci, tout comme le raki ou le pastis, forme une émulsion particulière lorsqu’on y ajoute de l’eau : les huiles essentielles qu’il contient se regroupent spontanément en petites gouttes d’une centaine de nanomètres, sans même avoir besoin d’être mélangées. « Nous voulons contrôler ce phénomène et recouvrir ces gouttes de nanoparticules d’or, afin de construire des métamatériaux, c’est-à-dire des matériaux aux propriétés optiques inconnues dans la nature, précise Fabienne Gauffre. Pour avoir les propriétés attendues et obtenir des composants appelés nanorésonateurs plasmoniques, on doit contrôler la taille des gouttes, des nanoparticules d’or à la surface des gouttes et la distance entre ces nanoparticules d’or ! C’est un gros enjeu que de pouvoir utiliser ce type d’approche, finalement très low-tech, pour élaborer des objets avec une grande précision. »

Des ateliers sur la transition écologique

En parallèle de ces travaux scientifiques, Fabienne Gauffre s’investit pour la transition écologique. Après une formation sur la transformation des organisations vers le développement durable, proposée par l’Université de Rennes, Fabienne Gauffre s’est en effet de plus en plus impliquée dans la réduction de l’impact environnemental de la recherche. « L’ISCR est un très gros laboratoire, regroupant plus de 500 personnes, décrit Fabienne Gauffre. On peut donc espérer un impact important si on lance des actions de réduction de notre empreinte environnementale. L’idée n’est pas d’imposer les choses par le haut, ce qui fonctionne rarement sur les thématiques environnementales et ne correspond pas à ma vision des choses, mais d’entraîner le plus de gens possible dans la sensibilisation et la montée en compétences. Ma première action a été de créer un groupe de travail “Environnement et Société” au sein de l’ISCR, qui réunit des collègues très motivés et qui est fortement soutenu par la direction. »

De nombreux ateliers, comme la « Fresque du climat », « Ma vie bas carbone » ou « Ma Terre en 180 minutes », ont été proposés aux membres du laboratoire et suivis par une centaine de collègues, incluant la direction et les responsables des diverses fonctions du laboratoire. Le groupe de travail a également organisé, au mois de mai, une journée de montée en compétences qui a réuni environ 250 participants, embarquant les doctorants et CDD en plus du personnel permanent. Biais cognitifs, réchauffement climatique, analyse de cycles de vie, outils économiques, commandes publiques ou bilan carbone du laboratoire, les sujets des conférences et ateliers étaient vastes et nombreux.

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